Crise au sein de la CAF et nomination par la FIFA de la « Déléguée Générale » pour l’Afrique.
Chers Présidents, Chers Frères et Sœurs.

Il y a un peu plus de deux ans, je démissionnais de mon poste à la FIFA et me présentais pour l’élection au conseil de la FIFA. Nous savons tous ce qui s’est passé alors, je ne vais pas m’attarder là-dessus. Néanmoins, je dois revenir à ces événements car ce dont je vais parler dans les lignes qui suivent a beaucoup à voir avec le message WhatsApp que je vous ai envoyé à Bahreïn le 08 mai 2017.
Je ne l’ai jamais effacé ce message et je le joindrai à cette lettre à titre de rappel.

Depuis le 21 juin 2019, nous célébrons le football africain au plus haut niveau. Une communion pour des millions d’Africains à travers le continent et dans le monde. La joie des buts et des victoires contraste avec la frustration des occasions manquées et la tristesse des défaites.

Alors que nous célébrons cette fête, la plus grande du continent, nous n’avons pas oublié que notre football est en crise, le continent a été humilié et continue de l’être par ceux qui se sont vu confier le mandat de gérer notre football, de le réorganiser et de lui faire franchir un cap. Malheureusement, la cupidité et une incompétence flagrante, combinées à des comportements honteux et contraires à l’éthique, ont été les caractéristiques de certaines de ces personnes ces derniers temps.
Cette lettre est une initiative personnelle. Il est important de faire cette précision parce que ceux qui sont intellectuellement ineptes veulent nous faire croire qu’un Africain n’a pas l’intelligence requise pour pareille initiative. Et si par extraordinaire c’est le cas, il ne serait alors que le relais de maitres tapis dans l’ombre et qui l’instrumentalisent. Comme à mon habitude, je me charge de dire aux gens ce qui les agace le plus, ce qu’ils n’aiment pas entendre, parce que cela les appelle à réfléchir et les met face à leur conscience.
C’est moi, Zelkifli Rahman Ngoufonja « Zul », qui vous traduit dans ces lignes mon sentiment sans agenda caché. Sinon celui d’éveiller votre conscience pour traiter de questions de la plus haute importance pour l’avenir de la Confédération Africaine de Football. Je vous prie donc de sacrifier quelques minutes pour lire entièrement cette lettre.
Comme indiqué précédemment, notre football est en pleine tourmente. L’Afrique fait l’actualité sur tous les continents, car le Comité Exécutif de la CAF qui s’est vu confier le mandat de gérer notre football a publiquement échoué.

En avril 2019, un courrier électronique anonyme (dont j’ai reçu une copie dans l’un des groupes WhatsApp dédié au Football africain) exhortait les membres du Comité Exécutif à prendre leurs responsabilités au risque de voir leur indécision les tenir tous pour responsables du scandale qui se profilait. Comme pronostiqué ils se sont défilés, s’en remettant à l’intervention de la FIFA pour régler le problème à leur place.

dirigeants de fédérations. Mais la FIFA, qui proclame une gouvernance irréprochable au dehors, fermera les yeux car cela pourrait aliéner des votes à la prochaine occasion.

Monsieur le Président, si votre administration ne peut pas se pencher sur de telles questions, ni agir contre de tels crimes, il y a lieu de questionner l’efficacité de votre “Déléguée générale” pour l’Afrique, choisie à «99,99% ». Notamment sa capacité à faire la lumière sur toutes les affaires graves en cours à la CAF?

Monsieur le Président, si votre administration considère que la mauvaise gestion des fonds FORWARD par une fédération est une affaire interne de ladite association membre, pouvons nous conclure que la mauvaise gestion des fonds par la CAF est aussi une affaire interne à la CAF?

Si tel est le cas, pour quoi la FIFA a-t-elle ressenti le besoin d’envoyer une «déléguée générale» en Afrique? La FIFA a-t-elle vraiment l’intention de lutter contre la corruption dans le football, comme vous l’avez déclaré publiquement à plusieurs reprises? Jusqu’où la FIFA veut-elle vraiment aller?

Je me suis réveillé à la recherche de l’inspiration et je ne pouvais rien trouver de mieux que la vidéo d’Ilhan Omar sur le patriotisme qui se trouve sur son compte Twitter (@IlhanMN) dont certains extraits sont déclinés comme suit: «Il est très important de rester vigilant. et comprenez que le patriotisme ne croit pas totalement en une administration particulière, le vrai patriotisme consiste à défendre votre pays (continent) et sa dignité “,” dès lors que nous croyons et protégeons un chef (FIFA, CAF, fédération), nous perdons de vue l’essentiel et c’est le plus gros signe des difficultés à venir ». Elle poursuit en disant: «Ma crainte actuelle, et ma plus grande inquiétude, c’est quand je vois des gens qui disent qu’on ne peut rien dire du président. Pourtant dans une démocratie, (une organisation telle que la FIFA, la CAF) qui a une constitution qui protège le droit à la liberté d’expression, vous devez pouvoir critiquer votre président, vous devez pouvoir le tenir pour responsable, vous devez pouvoir en attendre plus sans crainte, sans être regardé comme quelqu’un qui n’est pas patriote (dans le milieu du football on dira un ennemi) “.

Monsieur le Président, je me suis permis de remplacer “pays” dans cette déclaration par “continent, FIFA, CAF, fédération” afin de contextualiser. Critiquer vos décisions et celles de l’exécutif de la CAF ne fait pas de moi votre ennemi, ni celui de la CAF.

J’aime mon continent, je l’ai toujours servi, et je continue de le servir au mieux de mes capacités. Monsieur le Président, je crois en votre amour pour ce continent et c’est pourquoi je suis prêt à vous aider à faire ce qu’il faut. Si vous vous y engagez, il est possible que vous ne soyez plus très populaire parmi les présidents de fédérations sur le continent. Mais cela fera de vous le véritable héros de millions de fans et d’amateurs de football en Afrique. Vous atteindrez peut-être ainsi votre objectif de faire du football mondial un environnement propre, sans corruption, dans lequel les fonds FORWARD serviront enfin au développement auquel ils sont destinés.

L’accès aux fonds FORWARD ne devrait pas être un outil de marchandage et de chantage contre les fédérations de football en Afrique. Ce n’est un secret pour personne que la majorité des fédérations sur le continent ne reçoivent pas les 1,25 million de dollars par an comme annoncé, et que ce n’est pas de votre faute. Vous avez essayé de les aider en réclamant une distribution rapide des fonds, mais cela n’a pas abouti pour la simple raison que beaucoup ne remplissent pas les conditions requises pour pouvoir accéder à ces fonds. Ce qui les rend très vulnérables en fin de compte. Au lieu d’y accéder comme un droit, ils doivent maintenant y avoir recours comme une faveur. C’est pourquoi beaucoup pensent qu’en obéissant au doigt et à l’œil, et en apportant caution à des actions illégales dont ils sont loin d’être convaincus de la pertinence, ils auront accès aux fonds. Qu’ils satisfassent aux conditions et critères édictés ou non. Or nous savons tous les deux que cela ne se produira pas.

Monsieur le Président, vos intentions pour l’Afrique pourraient être honorables, mais l’approche que vous avez choisie est celle d’un roi et de ses sujets. Cela a été facilité par ceux qui ont perdu toute fierté et dignité, qui sont plutôt des qualités répandues en Afrique, et ont décidé de déshonorer nos anciens dirigeants qui se sont battus pour ce continent et ont montré au monde que l’Afrique a sa place à la table des GRANDS. Les personnes que vous avez choisies de protéger à tout prix et par tous les moyens ont ressenti le besoin de votre présence lors du Comité exécutif de ce 17 juillet 2019 pour brider toute initiative d’opposition à l’idée de votre «délégué général» en Afrique. Maintenant que la pilule a été avalée, cela doit être une vraie victoire et un soulagement. L’Assemblée générale ne sera qu’une formalité, car aucun des présidents, à quelques rares exceptions près, ne sera disposé à risquer l’accès aux fonds FORWARD en s’opposant à votre décision.
Monsieur le Président, il y a des gens sur ce continent qui adhèrent à votre ambition d’une FIFA propre à partir des fédérations. J’en fais partie. Je crois vraiment à votre volonté d’aider le continent à se développer. Nous ne sommes pas tous des sujets. Par conséquent, nous aimerions que vous encouragiez la FIFA à faire ce qui est juste et nous vous encourageons à poser des actes en droite ligne de vos discours. Cessez de protéger ceux qui font honte au football.
Monsieur le Président, faites ce qu’il faut. Notamment:
1. Encourager la FIFA à accélérer les enquêtes sur les dénonciations reçues par le comité d’éthique de la FIFA.
2. Aider les fédérations à être gérées de manière professionnelle,
3. Donner accès aux fonds de FIFA FORWARD à tous ceux qui répondent aux critères et
développer des programmes pour aider ceux qui ne répondent pas aux critères.
Monsieur le Président, merci d’avoir pris le temps de lire ma lettre. Je ne suis pas votre ennemi, je suis un passionné de football qui s’efforce à continuer de servir mon continent, l’Afrique, au mieux de mes capacités.

Merci d’avoir fait confiance à l’Afrique avec un poste de secrétaire général de la FIFA. Merci de ramener notre sœur à la maison. L’Afrique l’accompagnera et l’aidera, je l’espère, à bien faire les choses. Je l’aiderai à faire ce qui est juste si tant il que c’est son intention et l’objet véritable de sa mission. L’Afrique est au dessus de tout et plus grande que la loyauté aveugle envers des personnes fautives .

 

 

 

Partager sur

Laisser un commentaire